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L'histoire évolutive des serpents comprenant une longue
période de vie souterraine, leurs organes des sens ont évolué différemment
de ceux de la plupart des autres animaux. De nombreuses
espèces une vue faible, et beaucoup, tels que les serpents
fouisseurs, sont presque aveugles. Pour compenser, certains
de leurs autres sens sont très développés et des espèces
ont acquis des organes pour explorer leur environnement
que l'on ne trouve pas chez les autres animaux.
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La vue
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De
nombreux serpents fouisseurs ont des yeux atrophiés au point de ne plus pouvoir distinguer
la lumière de l'obscurité. C'est vrai pour presque toutes
les espèces des familles primitifs : leptotyphlopidés,
anomalépididés et typhlopidés, aussi bien que pour les
serpents fouisseurs d'autres familles.
Les
yeux des autres espèces ont des pupilles rondes,
verticales ou horizontales. La plupart ont des pupilles
rondes.
Les serpents dotés de petites pupilles rondes ont une tendance à être
discrets et sont des prédateurs nocturnes. Ceux qui ont de
grandes pupilles rondes sont habituellement diurnes et ont
une bonne vue, bien qu'ils aient du mal à voir clairement des
choses immobiles. Pour améliorer leur vision pendant qu'ils
chassent, ils peuvent dresser la tête et le cou au-dessus du
sol. Tous les colubridés aquatiques, serpents-jarretière, couleuvres-fouets
et serpents coureurs, d'Amérique du nord, d'Europe et
d'Asie, ont des yeux avec de grandes pupilles rondes.
Les
pupilles verticales sont typiques des espèces nocturnes
telles que les vipères et les colubridés tropicaux. Ces espèces
se sont adaptées à la pénombre. En lumière vive, leurs pupilles
se contractent, en se réduisant à des fentes, pour protéger
leurs rétines.
Les
pupilles horizontales ne se rencontrent que chez quelques
espèces : les 8 serpents-lianes du genre Ahaetulla et
les 2 serpents-oiseaux du genre Thelotornis. Ces
serpents ont une bonne vision binoculaire, ce qui n'est
pas le cas des
serpents ayant des yeux placés sur les côtés de la tête. La
vision binoculaire permet d'évaluer très précisément les distances,
ce qui est important pour les espèces qui se servent de leur
corps pour enjamber les branches, ou qui ont besoin d'étirer
leur corps pour prélever leurs proies sur des feuilles
ou des brindilles.
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Pupille ronde
Couleuvre verte rugueuse
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Pupille verticale
Boa constricteur
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Pupille horizontale
Serpent-liane à long nez
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L'odorat |
Comme
les autres vertébrés,
les serpents ont des narines reliées aux centres olfactifs
de leur cerveau. Un organe supplémentaire, l'organe de Jacobson,
est constitué d'une paire de cavités situées dans le palais
du serpent et dans lesquelles il insère les extrémités de
sa langue bifide (fourchue). Le serpent étiré et darde sa
langue, en quête de molécules odorantes dans l'atmosphère.
Il la ramène dans sa bouche, jusqu'à l'organe de Jacobson,
où les particules sont analysées et l'information transmise
au cerveau. C'est pourquoi un serpent darde sans arrêt
sa langue.
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1. Narine
2. Organe de Jacobson
Olfaction
Les
molécules odorantes
recueillies par la langue sont transportées jusqu'à l'organe
de Jacobson
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L'ouïe |
Bien
que les serpents soient dépourvues d'oreilles externes, des vestiges de l'ossature
de l'oreille sont encore présents sous forme d'un petit os,
l'étrier, qui transmet les vibrations à l'oreille interne.
Pour les détecter, la mâchoire inférieure doit être en contact
avec le sol. Les vibrations sont ensuite transmises à l'oreille
interne par l'intermédiaire des mandibules, des étriers et
des os carrés. Outre le pas de leurs ennemis et ceux précipités
de leurs proies potentielles, les serpents peuvent presque
certainement capter les infrasons dans l'air.
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1. Os carré
2. Etrier
3. Mandibule
Appareil auditif
Grâce à un ensemble de petits
os du crâne, un serpent peut "entendre" des vibrations
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La
thermosensibilité |
Certains
serpents sont pourvus d'organes sensoriels qui leur
sont propres, appelés fossettes
thermosensibles ou faciales. On les trouves chez les boïdés,
les pythonidés et les crotalinés. Les boas qui ont sont dotés
ont des rangées de fossettes entre les écailles qui bordent
leurs mâchoire, alors que celles des pythons sont au milieu
des écailles. Les crotalinés ont une paire de fossettes situées
entre les yeux et les narines. Chez toutes les espèces, les
fossettes thermosensibles sont tapissées d'une couche de
cellule qui renferme de nombreux thermorécepteur reliés au
cerveau. En se servant de ces cellules, les serpents peuvent
détecter d'infimes élévations de température, tels les rayons
infrarouges émis par les petits animaux à sang chaud, que
sont leurs proies (même les lézards émettent une certaine
chaleur, car, en s'exposant au soleil, ils élèvent leur température
corporelle). Les fossettes thermosensibles permettent aux
serpents de détecter des changements de température que 0,2° C.
Les fossettes thermosensibles sont dirigées vers l'avant, et,
en analysant les messages thermiques reçus de chaque côté de
la tête, le serpent peut localiser sa proie et déterminer à quelle
distance elle se trouve. Cela signifie qu'il peut mordre avec
précision, même dans l'obscurité totale.
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Fossettes
loréales d'un
crotale
Tous les crotalinés
ont une paire de fossettes faciales situées sous la hauteur
des yeux. Elles fonctionnent conjointement pour déterminer
la direction et la distance de leur cible
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Autres
sens |
De
nombreux serpents ont dans leurs écailles de petits tubercules et des ponctuations,
tout juste visible à l'œil nu. Les tubercules sont les plus
communs et semblent être présents chez toutes les espèces,
même s'ils sont peu nombreux et localisés chez certaines.
Bien que leur fonction ne soit pas claire, leur rôle sensitif
ne fait guère de doute, parce qu'il y a une concentration
de terminaisons nerveuses dans la région située juste au-dessous
d'eux. Ils peuvent, par exemple, être associés au toucher,
car ils ont tendance à être plus nombreux sur les parties
du corps qui entrent en contact avec le substrat, quand le
serpent se déplace.
Les
ponctuations, lorsqu'ils sont présentes, sont plus nombreux
sur la tête du serpent, mais on en trouve aussi par paires à l'extrémité de
chacune des écailles dorsales. Elles sont peut-être photosensibles,
pour permettre au serpent de savoir si une partie de son corps
est encore exposée, lorsqu'il s'abrite sous un rocher ou entre
dans un terrier. Sinon, les ponctuations pourraient jouer un
rôle dans la communication chimique. On sait peu de choses sur
cette forme de communication chez les serpents, mais il est probable
que certains d'entre-eux soient capables de sentir l'odeur de
leurs congénères et peut-être d'autres espèces.
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